mardi 29 juin 2010

Rafael Nadal vu par Toni, son oncle et coach

Depuis vingt-et-un ans, Rafael et Toni Nadal, neveu et oncle dans la vie, sont liés par une relation coach-joueur. Tranquillement installé sur la terrasse des joueurs à Wimbledon, Toni s'est confié à LEXPRESS.fr.

Rafael Nadal vu par Toni, son oncle et coach

REUTERS

Toni et Rafael Nadal entretiennent une relation à la fois professionnelle et familiale. "Très facile à gérer"!, jure Toni.

Est-ce compliqué, parfois, d'entraîner son neveu? Non, c'est même très facile! Parce que j'ai la possibilité de dire tout ce que je pense, bien plus qu'un coach normal. Vraiment (sourire). À mon avis un coach classique qui dirait à son joueur ce que je dis parfois à mon neveu n'aurait plus de job! (rires). Mais d'un autre côté, je pense que j'ai aussi plus d'égard pour mon joueur. C'est comme si j'entraînais mon fils. Rafael a joué toute sa vie avec moi, nous avons cette relation depuis qu'il a trois ans, alors c'est complètement naturel.

Cela n'arrive jamais que "Rafa" vous dise: Toni, tu exagères, tu es trop dur avec moi! C'est arrivé dans le passé oui, mais plus maintenant. Je suis habitué à dire ce que je veux, alors maintenant, c'est normal pour lui. Parfois, il souffle puis il passe directement à autre chose (sourire). Mais dans ce monde du tennis, beaucoup de fois, le coach reste sur la retenue, il n'ose pas dire ce qu'il pense réellement. Avec moi, c'est différent, parce que je suis l'oncle, vous comprenez.

Quand il était petit, avez-vous jamais pensé que Rafael pourrait un jour devenir n°1 mondial et gagner des tournois du Grand Chelem? Oui, depuis qu'il est tout jeune. J'ai voulu penser comme cela parce que cela m'a poussé à travailler beaucoup plus et beaucoup mieux. Si tu n'as pas le rêve de devenir très bon, tu ne travailles pas avec la même intensité. Ça ne voulait pas dire que j'étais fou. Ça voulait dire que je voulais penser comme ça car au fond de moi, je pense que n'importe quelle personne peut devenir meilleure. Rafael était déjà très bon quand il était jeune, il était l'un des meilleurs du monde avec Gasquet, alors on pouvait légitimement penser qu'il pouvait devenir bon chez les grands. Mais "bon" comment? N°1?N°40? Ça, je ne le savais pas, mais je savais qu'il avait une bonne attitude sur le court, une bonne coordination, et qu'il possédait un certain nombre de qualités prometteuses.

En finale de Roland-Garros, on a vu toute la famille, et vous en particulier, l'encourager comme jamais. Vous sentiez-qu'il en avait plus besoin que d'habitude? Oui, c'est vrai. Pour Rafael, c'était le match le plus important de l'année. Beaucoup plus que les matchs qu'il vient de gagner à Wimbledon. Parce que l'année dernière, après l'Australie, même s'il a continué à gagner pendant quelques semaines, cela a été une période difficile. Il a perdu à Roland-Garros, il n'a pas pu jouer Wimbledon à cause de sa blessure, et ensuite, il a enchaîné les défaites sur plusieurs joueurs du top, avant de très mal finir au Masters, à Londres. Alors, gagner de nouveau un Grand Chelem, c'était très important.

Ici, à Wimbledon, il dit qu'il n'a pas la pression, mais les gens l'attendent... Pas de pression? Mais si. On a toujours la pression de gagner, c'est normal. Même Roger Federer, même s'il a gagné six fois ici. Mais pour Rafael, je crois qu'il y a quand même plus de pression à Roland-Garros qu'ici. Parce qu'à Paris, c'est là qu'il a le plus de chances de gagner un Grand Chelem et puis comme cette année, il avait gagné Monte-Carlo, Rome et Madrid, alors il devait gagner Roland pour faire une très bonne saison, non? (sourire). Parce que la vérité c'est que c'est très bien de gagner les tournois préparatoires sur terre, mais si ensuite tu perds à Roland Garros, alors c'est une grosse déception.

Reste que cette année, il n'a pas de points à défendre à Wimbledon. Ça, ce n'est pas important. D'abord, parce que pour lui, comme pour les tous meilleurs du monde, tout ce qui compte en arrivant dans un tournoi, c'est d'y jouer bien et d'essayer de le gagner. Federer, ce qui l'intéresse, c'est de gagner, pas de défendre les points. Pareil pour Tsonga ou Murray. Ensuite parce que si on parle de points et de classement, eh bien une personne comme Rafael, c'est la Race (le classement ATP, ndlr) qu'elle doit regarder, parce que ce qui compte, c'est le classement à la fin de l'année. Mais défendre ses points? Non...

Rafael a eu des débuts compliqués à Wimbledon cette année. Quelles sont ses chances selon vous? Ce sera difficile. Mais ça, on le sait depuis qu'on a vu le tableau (pause). Pfff, il est très mauvais. Rafael doit affronter beaucoup de joueurs contre qui il n'est pas possible de jouer parce qu'ils ont un service tellement puissant. Bon, Nishikori au premier tour, ça allait, car contre lui, tu peux faire des échanges. Mais contre Haas... Quand il sert bien, c'est pratiquement impossible de jouer. Samedi, Petzschner, c'était le même! Mathieu, maintenant, c'est mieux, car contre lui, tu peux jouer, ce n'est pas seulement le service. Mais après, normalement, Rafael pouvait en principe retrouver des gars comme Gulbis, Isner... et eux, quand ils servent bien, tu es mort! Mais attention, je ne dis pas que contre Mathieu, ce sera facile. Je l'ai vu jouer contre Youzhny et De Bakker, et je trouve qu'il joue très bien en ce moment. Alors, on verra bien (sourire).

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