vendredi 30 mai 2008

Interviews
Rafael Nadal


6e jour - Interview de Rafaël Nadal - vendredi 30 mai 2008







Q. Rafa, on va parler de ton niveau de jeu. Etait-ce un match difficile ou pas ?

R. Ils le sont toujours, ça n'est jamais facile. Le résultat a été bon. Cela a été facile. Je m'améliore. Je suis très content, j'ai mieux joué qu'hier.

Q. Comment te sens-tu physiquement à ce stade du tournoi ?

R. J'étais un peu fatigué aujourd'hui. Au cours de ces deux derniers jours, je n'ai pas joué plus de 3 sets, 6 sets en deux jours, les premiers jours, j'étais dans les vestiaires. Cela fatigue mentalement. Je suis ravi. J'ai survécu aux trois premiers jours, j'ai remporté mes trois premiers matches en trois sets, c'est important pour moi. Je suis un peu éreinté, c'est vrai, mais avec une journée de repos cela ira.

Q. Fatigué mentalement ou physiquement ?

R. Un peu les deux. Fatigué mentalement et physiquement. Mais c'est en raison de ces trois derniers jours où j'ai joué tous les jours.

Q. Rafa, quand tu reviens à Paris, restes-tu dans le même hôtel ? Vas-tu manger à la même heure ? Vas-tu dans le même restaurant ? Es-tu superstitieux ?

R. C'est trop !

Q. Désolé…

R. Je vais dans le même hôtel, mais cela n'a rien à voir avec de la superstition. Nous avons un contrat avec l'hôtel. Ce n'est pas moi qui réserve l'hôtel, c'est mon agent qui s'en occupe. Je ne vais pas au même restaurant, j'en change. Donc, pas de superstition, rien de spécial !

Q. Au printemps, tu as parlé de la saison sur terre battue. Il y a beaucoup de tournois en un laps de temps très court, mais la saison sur gazon est également courte. Penses-tu que la saison de gazon devrait être plus longue ?

R. La saison sur gazon est très courte. Il faut deux semaines pour préparer un tournoi très important comme Wimbledon. Ce n'est pas beaucoup. C'est difficile. Il faudrait peut-être changer les dates des Grands Chelems, ce n'est pas de notre ressort, ça n'est pas l'ATP mais l'ITF. La saison sur terre battue ne se limite pas à Roland Garros. C'est Estoril, Barcelone, Rome, Monte-Carlo, Hambourg, entre autres. Tout cela est du ressort de l'ATP. Ce n'est pas juste, c'est vrai!

Q. Que penses-tu de la décision concernant les Jeux olympiques ? Les Espagnols parlent-ils des Jeux olympiques ? J'imagine qu'ils parlent aussi de Roland Garros. Iront-ils aux Jeux olympiques en fonction des résultats ici, à Roland Garros ?

R. Il y a FERRER, moi-même et peut-être ALMAGRO aussi va peut-être participer aux jeux. Il va y participer ? Je ne sais pas comment cela va se passer en termes de points pour y aller. Je pense que ROBREDO ira là-bas. Si Verdasco ne va pas en quarts de finale, peut-être ira-t-il aux Jeux olympiques. Cela va être intéressant, je pense.

Q. Tu as parlé d'une courte préparation pour Wimbledon. Si tu devais choisir, avoir plus de temps pour te préparer pour Wimbledon, oublier totalement la saison sur gazon, que préférerais-tu ?

R. Pour moi, je n'imagine pas le calendrier sans Wimbledon. Il faut une saison sur gazon.

Q. La sensation que l'on a depuis l'extérieur, c'est que tu avais étudié le match car tu savais ce que tu devais faire, comment placer tes balles, ce qui faisait le plus mal. Et comment va ton pied avec l'ampoule ?

R. C'était un match étudié ? Non, normal. J'ai mieux joué, pas de façon incroyable mais en tout cas, mieux. C'est toujours positif. Il faut s'améliorer, aller de moins à plus. C'est le plus important. Non, ça n'était pas un match étudié. C'était un match jamais facile contre Nieminen, mais je l'ai contrôlé pratiquement tout du long, simplement, les trois premiers jeux du match, le reste était assez contrôlé. J'ai regardé sur les scores, je n'ai souffert à aucun moment. C'est un bon signe.

Et puis, la deuxième question, j'avais un peu mal, mais j'aurais pu continuer. Je ne vais pas changer, mais par précaution, pour éviter qu'il m'arrive ce qui m'est arrivé, il y a une semaine.

Q. Comme adversaire suivant, qui préfères-tu ? Youzhny ou Verdasco ? Un autre gaucher ? Ce serait un match très difficile.

R. J'aimerais surtout bien jouer, c'est surtout cela, bien jouer. Ce serait un match difficile contre les deux, mais avec l'espoir de gagner. Après, cela m'est égal, l'un ou l'autre, on verra ce qui va se passer. On joue 5 heures même, si c'est possible.

Q. Tes parents sont arrivés, d'autres amis. Tu es soutenu par Benito et Carlos. Est-ce bien qu'ils arrivent ?

R. Dans des tournois comme celui-ci, tu ne peux pas passer beaucoup de temps avec ta famille car tu passes pratiquement toute la journée ici. Peut-être entre les deux, un peu, mais ils viennent, je suis content. J'ai passé peu de temps à la maison cette année. Le calendrier rend les choses difficiles et, au cours de ces trois ou quatre derniers mois, j'ai passé environ six jours à la maison. C'est donc toujours bien quand ma famille est là, cela aide, tout est plus facile, tu vois ceux que tu aimes et cela t'aide.

Q. Sur le fait de jouer entre deux gauchers, cela t'est-il plus difficile de changer quelque chose, de faire face à nouveau à un gaucher plutôt qu'à un droitier ?

R. Ce serait pas mal de changer, mais bon, jusqu'à présent, cela n'a pas si mal marché. Trois gauchers de suite, un autre, il n'y a rien d'exceptionnel, je suis bien préparé.

Q. Quelle idée te fais-tu de chacun de tes adversaires ? Ce sont des adversaires de catégories A, B ou C ? Cela va-t-il être plus dur ? Plus facile ? De quelle façon les évalues-tu ?

R. Tout est variable dans les sensations. L'impression que l'on a vis-à-vis de l'adversaire dépend aussi beaucoup de la façon dont on joue. Quand on joue à son meilleur niveau, et pourtant, même si les balles ne sont pas aussi bonnes, ça va. Mais quand on est un peu en dessous de son niveau, tu regardes le tableau et tu ne vois personne avec qui tu aurais envie de jouer. Non, je n'ai pas de classification A, B ou C, simplement, il y a des adversaires qui sont un peu plus difficile que d'autres, et d'autres qui, face à ton jeu, sont plus faciles. C'est pareil pour chaque joueur.

Q. Tu as su que, avec toi, Federer, Djokovic présentent leur candidature pour le conseil. Ce n'est pas bon que les trois meilleurs du monde se présentent ? Pourquoi ?

R. Il y a beaucoup de choses que nous n'aimons pas. Nous n'aimons pas comment elles ont été faites. Nous essayons d'être au cœur des choses pour, à partir de là, être au courant avant que les choses n'arrivent, comme cela a été le cas cette année avec le calendrier ou d'autres choses, essayer de prévenir. En tout cas, éviter qu'elles se fassent aussi mal, comme cela a été le cas à plusieurs occasions. En tout cas, l'interrompre avant que ce soit lancé. Car à chaque fois que l'on commence à jouer, les dés sont déjà jetés.

C'est très important d'être informé de tout. Les membres du conseil sont nos représentants, à nous les joueurs, et ils doivent nous maintenir informés. Quand on est dedans, on a plus de poids, on peut être au courant des choses avant qu'elles n'arrivent.

Q. Tu es surpris de ne pas avoir joué deux jours de suite sur le central, alors qu'il y avait moins de public sur ton court, aujourd'hui ?

R. Surpris, non. Je n'y ai pas pensé. L'organisation sait mieux que quiconque qui doit jouer sur le central. Je trouve cela respectable. Le fait de jouer sur le central où le Lenglen n'a pas d'importance.

Q. As-tu l'intention de lancer un autre communiqué contre le Président ?

R. Je ne sais pas si on doit publier un communiqué et si on le fait très bien. Ce qui est très clair, c'est que la majorité des joueurs pense la même chose. Il n'y a rien de changé à cela. Simplement, les choses ont empiré. Il y a une semaine, nous étions à couteau tiré avec notre Président, après tout ce qui s'est passé avec les messages. Maintenant, c'est encore pire, il y a des choses qui se sont produites et qui sont inacceptables pour la majorité des joueurs. Elles devraient être inacceptables pour le tennis espagnol. Mais ce n'est pas entre nos mains. Nous, nous suivons la ligne que nous avons suivie. Notre Président, tant qu'il sera là, nous ne ferons rien, et partant de là, je ne sais pas si nous avons fait tous ce que nous devions faire, mais nous avons fait ce que nous avons le droit de faire, c'est-à-dire la liberté de décider ce que nous faisons et de ce que nous ne faisons pas. Vis-à-vis de tout ce qui s'est passé, par rapport à nos amis, la façon dont les choses se passent dans le tennis depuis que nous avons ce président, on a l'intention de ne rien faire avec lui et à partir de là, après, ce sont les territoriales qui doivent prendre part à cela.

Q. Tu sais que demain, à Madrid, il y a une réunion des territoriales. Vous, les joueurs, attendez-vous quelque chose de cette séance ? On parle de demander un soutien pour une motion de censure. Avez-vous une opinion là-dessus ?

R. Ce que nous avons dit est très clair. Je suis ici pour jouer à Roland Garros, pas pour émettre une opinion sur un président et, surtout, un président par lequel nous ne nous sentons pas représentés. Ici, nous essayons de lutter, car cela n'aide pas à jouer le tournoi.

Que dire de la réunion ? Le résultat sera ce qu'eux estimeront convenable. Maintenant, il serait logique qu'après ce qui s'est passé, après la façon dont ce monsieur gère les choses, la majorité soit contre lui.

Q. Beaucoup de gens vous considèrent comme le joueur mentalement le plus fort, sur plus d'un circuit. Tu as dit que tu étais un peu fatigué par ces trois jours consécutifs. Peux-tu quel a été le processus pour arriver à te concentrer sur les matches 3 jours consécutifs ?

R. J'ai très bien joué les jours avant. Ensuite, j'ai eu 2 jours sans pouvoir m'entraîner, et des conditions tout à fait différentes. On est passé de la chaleur au terrain sec à des terrains humides, à un ciel est très sombre. La sensation du court change totalement. Le terrain est plus lent, la balle ne prend pas les effets. Elle reste bloquée. Les sensations ne sont pas les mêmes.

A cela s'ajoute l'attente de 2 jours dans les vestiaires, sans pouvoir sortir, qui fait que tu es de plus en plus nerveux pour le match. Tout cela fait que le corps souffre un peu plus. C'est comme si on était un peu tiré, les muscles sont plus tendus, on est donc plus fatigué. En tout cas, c'est mon opinion. Quand on joue mal et que l'on dispute un match, même si on gagne 6/4 6/4, on est beaucoup plus fatigué que si on joue dans de bonnes conditions à 7/6 7/6, car musculairement et mentalement, on est plus à l'aise, plus tranquille.

C'est un tournoi très important pour tout le monde. Cela m'a porté beaucoup de préjudice d'avoir attendu pendant 2 jours et de devoir jouer 3 jours consécutifs. Si c'est attendre pour jouer un quatrième match, on est détendu, mais la malheureusement, j'ai été interrompu, on ne pouvait même pas sortir des vestiaires, cela finit par fatiguer terriblement.

Le plus important, c'est que je sois sorti vivant et bien de ces trois premiers matches, sans avoir perdu un seul set, sans être trop fatigué. Demain, je vais me reposer, cela permettra de recharger les batteries et d'essayer d'arriver dimanche à 100 % avec toutes les possibilités pour jouer un très bon match.

Q. Une question pour l'Argentine. Etant donné ta relation très proche avec certains joueurs, étais-tu surpris qu'il en reste si peu au cours de la troisième ronde ? Maintenant, il y a une sorte de cycle qui arrive à sa fin pour certains joueurs.

R. L'important, c'est qu'il ait gagné. On ne peut pas parler de cycle, ici. Monaco est un joueur jeune. Il est en pleine montée. Il y a toujours des joueurs qui disparaissent, mais il faut valoriser tout cela. Dans les 20 et 30 meilleurs joueurs du monde, il y a des Argentins. Cela rend les choses compliquées. Les gens ne se rendent pas compte de cela. D'autres pays n'ont pas 6 ou 7 joueurs parmi les 20 meilleurs du monde. Tout cela rend les choses plus compliquées. Evidemment, le monde est très grand, beaucoup de gens d’un même pays veulent être sur le circuit. Cela peut rendre les choses difficiles. A certains moments dans la vie, on monte, à d'autres, on descend. Le tennis argentin a un beau potentiel. Il est plutôt monté en puissance.

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