mardi 17 novembre 2009

Nadal : "J'ai souffert"

Nadal : "J'ai souffert"


Nadal : "J'ai souffert"
Eurosport

A 23 ans, Rafael Nadal a vécu la saison la plus difficile de sa carrière. Il a certes gagné l'Open d'Australie, mais il a subi les événements à la fin du printemps : tendinite aux genoux, défaite à Roland-Garros, forfait à Wimbledon et surtout, le divorce de ses parents. Il s'est confié au Guardian.

LES " MOMENTS DIFFICILES"

Rafael Nadal est, à bien des égards, un être humain comme les autres. Quand tout allait bien, il était difficile pour lui et son oncle de faire entendre leur propre vision du tennis et de l'existence. Interrogé pour eurosport.fr à Bercy l'an passé, Toni Nadal expliquait avec simplicité les valeurs que défendait la famille Nadal. Des convictions désarmantes pour tous les tenants de la polémique à répétition qui ont encerclé le joueur depuis ses premières victoires. Quant tout s'est compliqué cette saison, certains ont découvert une autre facette du personnage, loin des caricatures, loin du mythe.

Nadal avait montré de la compassion pour ce rival mais compagnon de route touché par la défaite à l'Open d'Australie. Après une incroyable finale de plus, il l'avait réconforté en pleine remise des trophées, en plein triomphe. Quelques mois plus tard, c'est lui qui était surpris par un mauvais rebond de la vie : "Il y a des mauvais moments à passer pour tout le monde. J'ai été malchanceux car je suis arrivé au moment le plus important de la saison dans les pires conditions possibles. Il y a toujours des hauts et des bas. Roger a vécu un mauvais moment en finale (Open d'Australie), mais il n'a pas perdu au 2e tour, et le reste de l'année, il a eu des grands moments. Pour moi, c'était dur. Je n'ai pas pu jouer Wimbledon, qui est mon tournoi préféré, j'ai perdu à Roland-Garros et j'ai eu quelques problèmes personnels. Alors tout s'est ligué pour me rendre la vie difficile."

"UN MOIS DANS UN AUTRE MONDE"

Au printemps, les médias se concentrent sur les problèmes de santé de Nadal. Tout le monde est d'accord pour dire que son style de jeu est éprouvant. Il arrive à Paris littéralement sur les genoux. Jusqu'ici, il avait réussi à passer outre. La douleur physique, il sait gérer. La force mentale, il l'a. Rien ne le protège de la douleur affective : "Le divorce de mes parents a été un changement important dans ma vie. Cela m'a touché. Après cela, et comme j'étais forfait à Wimbledon, cela a été dur à vivre. Pendant un moins, j'étais dans un autre monde."

AGASSI ? "IMPOSSIBLE D'HAÏR LE TENNIS PENDANT 15 ANS"

Quand Nadal évoque la souffrance physique, il émet une sorte de fierté qui peut surprendre. Donald McRae, le journaliste du quotidien anglais The Guardian, qui a réalisé cet entretien à Paris, le fait même remarqué à Nadal. L'Espagnol montre aussi qu'il est obsédé par le fait de ne pas montrer qu'il n'est pas "prêt mentalement pour un match." Dans cette configuration, Rafael Nadal ne comprend pas les propos d'Andre Agassi publié dans son autobiographie, et qui ont plongé le circuit et ses stars dans l'ombre pendant quelques jours. Dont le fameux "I hate tennis" ("je hais le tennis") : "Je pense que c'est impossible d'être sur le circuit 15 années de suite and haïr le tennis. J'ai toujours vu Agassi jouer avec motivation et passion", commente Nadal.

"Je pense que c'est un choc pour l'ATP. Je comprends qu'il ait pu prendre quelque chose quand il était déprimé alors je ne veux pas critiquer Andre pour la prise de "crystal meth". Mais tout le monde doit être traité de la même manière. Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Andre Agassi que l'on doit échapper à une sanction. Le Tennis est un sport difficile. On joue seul, avec beaucoup de concurrence, toute l'année. Mentalement et physiquement, c'est l'un des sports les plus durs, mais ce n'est pas une raison pour prendre ces produits."

LES PROPOSITIONS DE NADAL

Nadal a contesté avoir maigri pendant le tournoi de Bercy. Visiblement moins tonique qu'avant Roland-Garros, il est difficile de faire une comparaison édifiante. On peut juste relever que son visage a paru quelques fois plus émacié, plus marqué par l'effort. Quand on perd quelques litres d'eau en un seul match, cela peut se comprendre, mais la tentation est grande de voir à chaque trait tirés du Majorquin, un stigmate de ses souffrances morales. Il suffirait peut-être de changer le calendrier pour éviter les polémiques et protéger les organismes des joueurs. Nadal, qui constatait en conférence de presse qu'il avait réussi sa meilleure fin de saison, propose sereinement :

"Peut-être pourriez-nous avoir neuf mois où il est obligatoire de jouer et trois mois où nous serions libre de participer ou non aux tournois. Pendant ces trois mois, il pourrait y avoir des tournois, mais pas des tournois décisifs, qui puissent modifier votre classement. Mais il faut prendre en considération les sponsors. L'ATP veut changer, mais je pense qu'il faudra attendra la prochaine génération pour améliorer ça." Envisage-t-il déjà la fin de sa carrière ? Son corps lui permettra-t-il de continuer longtemps sur ce rythme ? Ce sont d'ailleurs des questions qui reviennent inlassablement de la part des spectateurs et des observateurs. Il réplique sans animosité :

"Les gens oublient que j'ai commencé ma carrière professionnelle à 16 ans. C'est ma cinquième année de suite dans le top 2. Je ne pense pas à m'arrêter mais la plupart des joueurs commencent à 20 ans et s'ils finissent à 29 ans, personne ne va leur dire qu'ils ont eu une carrière courte. Si je finissais à 25 ans, j'aurais eu la même carrière qu'eux. Mais je ne veux pas." Et pour conclure, il assène une ultime explication, digne de celles de Toni, qui relativise tous les commentaires sur son métier : "Je travaille toujours avec un objectif à atteindre, et l'objectif est de m'améliorer en tant que joueur et en tant que personne. C'est ça, qui, finalement, est le plus important de tout."

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