vendredi 10 avril 2009

''Rafael Nadal? C'est un fils pour moi''



«Rafael Nadal? C'est un fils pour moi»
MILAN STERBA
L'ancien arbitre international, en Suisse depuis trente-trois ans, connaît Rafael Nadal depuis 2000. Il le retrouvera dès dimanche à Monte-Carlo où l'Espagnol effectuera sa rentrée sur terre battue.

Au mur de son appartement lausannois, un véritable musée dédié au tennis, c'est toute l'histoire de ce sport qui vous contemple. Milan Sterba, le propriétaire des lieux, ancien arbitre international, a tout gardé depuis plus de trente ans. De son premier match à Monte-Carlo, lorsqu'il arbitrait Borg, au badge du dernier Australian Open. Entre photos et raquettes dédicacées, t-shirts, chaussures, livres et autres plaquettes souvenirs, tous les champions se côtoient dans un espace relativement restreint. Un joueur, pourtant, se distingue des autres par son omniprésence. Est-ce parce que Rafael Nadal est actuellement le maître du jeu? «Non», sourit Milan Sterba, un ancien international tchèque de... handball, en Suisse depuis trente-trois ans. «Lui, c'est mon fils spirituel. Je l'ai découvert à Tarbes, en 2000, lors du tournoi des Petits As. Il n'avait que 14 ans. Mais il m'a immédiatement impressionné.»

«Je lui apporte souvent du chocolat»
L'Espagnol n'était alors qu'un espoir, l'un de ces innombrables Espagnols en quête d'une gloire parfois volatile. «Il avait déjà un comportement exemplaire. Je l'avais longuement observé.» Quelques années plus tard, celui qui s'occupait de l'accueil des joueurs à Monte-Carlo a reconnu Rafael Nadal. Il a tellement insisté auprès des organisateurs que ceux-ci ont fini par lui donner une «wild-card» pour le tableau des qualifications. «Il s'en est sorti et a même passé un tour dans le tableau principal. C'est à partir de là que j'ai noué une vraie amitié avec lui, son oncle et coach Toni, en particulier.»
Depuis, Milan Sterba croise la route de Nadal une dizaine de fois par année. A Roland-Garros, Rotterdam, Rome, Shangai et ailleurs. Chaque fois, la rencontre est sincère. «Je lui offre des bouteilles ou du chocolat. Tenez, voici ce que je lui apporterai dimanche matin à Monte-Carlo», désigne-t-il en portant à bout de bras un gros lapin en chocolat. «C'est le plus grand que j'ai trouvé. Je sais que Toni Nadal va me chambrer. Il me «gronde» chaque fois que je lui amène du chocolat.»

Leur amitié a failli connaître un coup d'arrêt, en mars 2008. Lorsque Milan Sterba appelle Toni Nadal, alors à Miami, le ton est refroidi, presque glacial. «Il avait lu un article dans un quotidien suisse gratuit dans lequel on me faisait dire que Rafael Nadal devait changer de coach. Mais que trop gentil, il n'osait pas. C'était un tissu de mensonges. Mais cet article avait été repris par toute la presse mondiale. Heureusement, le clan Nadal me connaissait bien. Il m'a fait confiance. Tout est rentré dans l'ordre après Wimbledon.» Preuve que la famille Nadal a oublié l'incident, Milan Sterba était aux premières loges, en début d'année, pour applaudir la victoire de l'Espagnol à Melbourne. Il était dans la... loge du clan Nadal, justement. «Vous ne pouvez pas vous imaginer les sollicitations diverses qu'il doit affronter. Avec Toni, j'ai bien tenté de l'approcher dans les vestiaires. Mais il y avait une telle meute que j'ai dû me contenter d'un geste. Qu'il m'a rendu.»

«Il peut réaliser le Grand Chelem»
A l'instar de nombreux observateurs, Milan Sterba craint les pépins physiques. Rafael Nadal a un jeu tellement exigeant que son corps pourrait finir par avoir raison de sa volonté. «S'il est épargné par les blessures, il n'est pas près de rendre sa couronne. Je le vois même bien placé pour réaliser le Grand Chelem (n.d.l.r.: remporter les quatre tournois principaux la même année.) Cette année, peut-être.»
Reste encore un sujet qui irrite l'ancien arbitre tchèque: le dopage. «Je suis blessé quand on fait part de ces rumeurs dans la presse suisse», s'indigne-t-il. «Elles surgissent chaque fois que Nadal prend le dessus sur Federer. Ailleurs, le dopage n'est pas associé à Nadal. Je suis intimement convaincu qu'il est propre.»
Récemment, le joueur espagnol a créé sa propre fondation - la Rafa Nadal Fondation - qui s'occupe d'enfants défavorisés. Milan Sterba aimerait y apporter sa petite touche. «Je rêve d'organiser un tournoi en fauteuil roulant dans sa ville de Manacor, à Majorque», conclut-il.

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