Le Lundi 19 Mai 2008
Trois rivaux à la conquête de Roland Garros
Pour moi, les plus belles rivalités du tennis sont les rivalités à trois. J’ai connu la rivalité Borg, Connors, McEnroe, qui a produit 26 titres du Grand Chelem. Puis les affrontements entre Lendl, Edberg, Becker (20 titres). Et aujourd’hui, nous avons droit à des luttes extraordinaires entre Federer, Nadal, Djokovic (16 titres jusqu’ici). Un de ces trois grands joueurs gagnera Roland Garros. Lequel?
Rafael Nadal
Encore cette année, Nadal fait figure de grand favori. À Hambourg, il vient de battre ses deux grands rivaux. Les deux victoires ont été difficilement acquises, il est vrai. Mais dans les deux cas, le Majorquin a démontré pourquoi il reste le roi de la terre battue. La pugnacité, l’endurance, la vitesse, la puissance, la solidité en relance, les passings meurtriers ont fini par briser le brio de ses adversaires. Rafa est fait pour cette surface.
À mon avis, seule une blessure pourrait l’empêcher de mettre la main sur son 4e Roland Garros d’affilée. À Rome, on l’a vu très diminué par des fissures au pied. À Hambourg, il s’est plaint d’une douleur à la cuisse. Apparemment, rien de grave. Mais Nadal a un jeu si exigeant sur le plan physique qu’il pourrait en payer le prix.
Roger Federer
Son principal rival, Federer, arrivera à Paris bien préparé. Finie la mononucléose qui l’a affecté au début de l’année. L’homme aux 12 titres du Grand Chelem a gagné à Estoril en plus d’atteindre deux finales (Monte-Carlo et Hambourg), toutes deux perdues contre Nadal. Dans ces deux matchs accrochés, le Suisse a montré de fort belles choses, mais il a aussi connu des relâchements inquiétants qui lui ont coûté trois manches où il avait pourtant pris de fortes avances. Dimanche, il a même bousillé une balle de set à 5-1.
Le no 1 mondial a pourtant les armes pour gagner contre Nadal même sur terre battue, mais à condition de jouer à un niveau exceptionnel, celui qu’il a si souvent atteint contre Andy Roddick. Mais jusqu’ici, en neuf rencontres contre le Majorquin sur la terre ocre, le Suisse n’a joué qu’un seul grand match (l’an dernier à Hambourg), et c’était contre un adversaire fatigué. Cette année, contre le même rival et dans le même stade, il a disputé un match solide, mais pas extraordinaire. Pas assez de premières balles, trop de fautes directes. Ce n’est pas suffisant pour battre Nadal dans son carré de sable.
Novak Djokovic
Enfin, Djokovic peut-il causer la surprise? Si l’on en juge par sa progression du dernier mois, c’est possible. En trois Masters, il a perdu une demi-finale contre Federer, une autre contre Nadal et gagné Rome. Pas mal pour un jeune homme qui aura 21 ans jeudi. Mais en raison de son statut de no 3, le Djoker devra probablement battre et Nadal et Federer pour mettre la main sur le trophée des Mousquetaires. Et franchement, en dépit de son immense talent, je ne le vois pas réussir pareil exploit cette année.
Et les autres?
À Roland Garros, cette année encore, ils feront figure de figurants.
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