Dans les coulisses de la vie trépidante de Rafael Nadal
23/05/2008 | Mise à jour : 20:39 |
Rafael Nadal (ici lors d'un entraînement à Roland-Garros vendredi), est invaincu sur la terre battue parisienne depuis sa première apparition en 2005.
Pour remporter son quatrième Roland-Garros, le Majorquin devra gagner sept matchs. Mais avant de démarrer son tournoi, il en a disputé un autre, d'un genre très différent.
IL EST 18 heures, ce jeudi, sur les terrains du Lagardère Paris Racing à la Croix Catelan. Vêtu d'un tee-shirt rose et d'un pantalon de survêtement blanc, Rafael Nadal renvoie la balle à une brochette de jeunes joueurs et joueuses soigneusement sélectionnés. C'est le traditionnel « clinic », qui permettra aux heureux élus de crâner à l'école en racontant qu'ils ont joué avec Rafael Nadal. Et qu'ils ont mis le Majorquin à trois mètres de la balle. Si, si, ça arrive, « Rafa » est tellement gentil avec les petits.
18 h 45 : séances d'autographes. Derrière une table, « Rafa » griffonne sur les casquettes et balles géantes avec un marqueur noir et gratifie chaque gamin d'un sourire qui rappelle qu'il en était un il n'y a pas si longtemps. « Il adore les enfants, remarque avec bienveillance Carlos Costa, son agent. Il a une armée de petits cousins entre 0 et 10 ans avec lesquels il adore passer du temps. »
19 h 15 : le joueur signe et resigne alors Carlos Costa tente de s'interposer devant la déferlante de têtes blondes sur le court. « On est en retard », rappelle l'agent à la délégation de Babolat, le sponsor du joueur qui organise la fiesta.
19 h 30 : mini-scénario pour une photo à paraître dans un hebdomadaire à grand tirage. Rafael doit courir, poursuivi par une armée de gamins qui tentent de le rattraper. Une fois, deux fois, trois fois, le colosse majorquin joue les acteurs improvisés, le sourire aux lèvres.
19 h 45 : le retard s'est accumulé et Carlos Costa presse le pas vers la sortie. Le long de l'allée verdoyante par laquelle il tente de s'échapper avec son champion, quelques gamins tentent de passer la barrière de sécurité. Nadal s'arrête et repart pour un tour de signatures. Alors son agent consulte sa montre avec inquiétude, deux adolescentes surgissent à travers les buissons avec un appareil photo. Les yeux papillonnants, elles posent leur tête sur les puissantes épaules du champion et font immortaliser l'instant avant de s'enfuir dans un cri de triomphe.
20 heures : retour vers l'hôtel. Au volant d'un véhicule officiel du tournoi, le chauffeur attitré du Majorquin le ramène, vers l'établissement élégant et discret qu'il a choisi avec sa famille pour cette quinzaine, aux alentours des Champs-Élysées. Sur le chemin, Nadal papote quelques instants à voix basse sur son téléphone, avant de répondre de bonne grâce à nos questions. Qui voudrait-il apercevoir de l'autre côté du filet, dans 15 jours en finale ? Hochement de tête fataliste : « Quelqu'un qui ne joue pas trop bien peut-être… Mais peu importe l'adversaire, seule la victoire compte. » Qu'a-t-il appris depuis son premier triomphe à la Porte d'Auteuil, il y a trois ans ? « Lorsque l'on fait tout ce qu'il faut pour réussir, il faut persister. Même si on ne gagne pas. Les résultats viendront forcément à un moment ou un autre. Il faut savoir être patient. » Alex Corretja, l'ancien joueur espagnol qui le connaît depuis longtemps le décrit comme une personne exceptionnellement mature. Comment l'explique-t-il ? « Je suis arrivé sur le circuit très jeune et j'ai été amené à me mélanger à des gens plus âgés que moi. Mais quand je suis à Manacor avec mes amis, que je connais depuis l'âge de 4 ans, je suis comme n'importe quel jeune de mon âge. »
Mais un jeune sur lequel pèsent quelques responsabilités. Lorsque l'on évoque ses prises de position fermes sur la refonte du calendrier ATP, il n'élude pas : « J'exprime mes opinions lorsque je constate qu'elles reflètent celles de la majorité. Si je suis seul à penser quelque chose, je ne dirais rien. » Est-ce l'influence paternelle qui l'a rendu aussi sage ? « Le plus important pour un père est d'avoir le sens des responsabilités, avance-t-il. Le mien a toujours été là pour moi. »
La voiture passe devant un cinéma où se pressent les spectateurs : « Indiana Jones, s'exclame l'ogre de la terre battue, la prunelle brillante de convoitise. Je vais aller le voir. » « J'ai déjà les trois premiers en DVD », confesse-t-il. Par la magie d'une affiche, il a de nouveau 21 ans.
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