jeudi 23 octobre 2008

Rafael Nadal, mi-ange mi-démon.



Rafael Nadal, mi-ange mi-démon
publié le 23/10/2008 - 10h27, par SPORT / Gérald Mathieu
Rafael Nadal-Photo : Alexis Réau
Sur les courts, il enflamme le jeu et atomise ses adversaires. Mais une fois les raquettes pliées, Rafael Nadal redevient un homme d'une sidérante simplicité que le récent statut de n°1 mondial n'a pas entamée.Ce n'est certainement pas la référence ultime. Mais puisque Rafael Nadal en personne avoue écouter Julio Iglesias et que la tendance du moment est de faire du neuf avec du vieux, on pourrait donc fort bien imaginer une version remastérisée, pimentée d'une sauce électro-flamenco, du plus célèbre hit du latin lover en guise d'hommage à la superstar majorquine. Un standard revisité pour l'occasion qui donnerait à quelque chose près : " Et toi non plus tu n'as pas changé, toujours la même envie de gagner, toujours la même dose d'humilité... " Près de cinq mois après son quatrième succès à Roland Garros, le serial vainqueur des Internationaux de France est de retour sur les lieux de son crime plus que parfait. Mais si, dans l'intervalle, l'Espagnol est devenu un tout autre bonhomme, son attitude au quotidien ne trahit aucune forme de changement.
Égal à lui-mêmeDevenu, depuis sa victoire sur l'ocre parisien, successivement vainqueur de Wimbledon, égal de Björn Borg, champion olympique à Pékin, numéro un mondial, plus grand sportif ibérique de tous les temps, lauréat du prix Prince des Asturies des Sports (une récompense très prisée de l'autre côté des Pyrénées) ou encore un poil plus riche de 2,2 millions d'euros, Nadal n'a pas varié d'un iota. Quand d'autres seraient partis en live ou n'auraient même plus été en mesure de passer sous les portes, le kid de Manacor, lui, est resté égal à lui-même." Je ne me sens vraiment pas différent, aujourd'hui que je suis numéro un mondial, qu'il y a six mois, précise-t-il. Cette année est peut-être très spéciale pour moi, mais ça ne change pas grand-chose. Je sais que je vais rester n°1 jusqu'à la fin de l'année mais si j'avais dû terminer deuxième, franchement, ça n'aurait rien changé du tout. Très honnêtement, le fait d'être n°1 mondial ou tête de série n°1 d'un tournoi comme l'US Open, ça n'a aucune importance pour moi. Vraiment, croyez-moi ! J'ai toujours le même objectif : remporter des titres et jouer de la même façon que lorsque j'étais n°2. Les choses ne changeront pas. J'ai toujours été heureux d'être n°2, je le suis tout autant aujourd'hui, mais vraiment, cela ne changera rien. Je serai toujours le même. "Le gendre idéalAvant de préciser : " Avec Roger (Federer), par exemple, nos relations n'ont pas évolué depuis que nous avons échangé nos places de numéro un et deux mondiaux. L'argent en plus ? Franchement, je ne pense pas à ça quand je suis sur le court. Il n'y a aucun risque que l'argent entre dans ma réflexion au moment de disputer une finale. Mes objectifs à venir ? Continuer à travailler, rester humble et essayer de faire de mon mieux avec passion. " Bien que ce ne soit pas forcément l'image qu'il aime renvoyer, Rafa offre, depuis peu, celle du gendre idéal, touché par la grâce, besogneux et bien élevé. Entre deux tournois, ou plutôt entre deux tunnels de tournois, à l'image de son programme estival dément qui l'a vu enchaîner Toronto, Cincinnati, Pékin et l'US Open, le brun ténébreux n'oublie pas les fondamentaux. C'est-à-dire rentrer au bercail et se ressourcer auprès des siens, sur son île natale de Majorque. Mais malgré cette avalanche de clichés flatteurs et de louanges en tous genres qui ne cessent d'escorter son irrésistible ascension vers la légende, le jeunot aux gros biscotos garde la tête sur les épaules. Et se refuse à céder sous une éventuelle pression. " Au contraire, même, corrige-t-il. J'ai zéro pression. Je n'ai d'ailleurs jamais joué si relâché puisque je viens de réaliser une saison presque parfaite. "Absent du carré vipSur les courts comme en dehors, Nadal semble avoir adopté le même logiciel de gestion des événements. Pour preuve, son attitude lors des derniers J.O. de Pékin. Alors que Federer, par exemple, vivait retranché dans un hôtel de luxe de Pékin, Nadal, lui, logeait au village olympique. Au milieu des autres sportifs de la planète, sans se soucier de son statut présumé d'intouchable. Quant à son titre olympique, c'est au China Doll, l'une des boîtes de nuit branchée de Pékin, qu'il l'a célébré en toute discrétion. Sans tambours, ni trompettes quand tant d'autres auraient joué les superstars braillardes, avachies dans les canapés du carré VIP et entourées de plusieurs bimbos décolorées. Mais visiblement, il en faut plus pour donner le tournis au prodige. La classe à la Nadal, c'est tout de même autre chose.

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