mercredi 6 juin 2012

Nadal: "Djokovic est peut-être fou"


 Qualifié pour les demi-finales de Roland-Garros après sa victoire mercredi sur Nicolas Almagro (7-6, 6-2, 6-3), Rafael Nadal s'est présenté en conférence de presse pour livrer son analyse du tournoi: ses matches, mais aussi ceux de ses adversaires, jetant notamment un oeil aiguisé sur Tsonga-Djokovic pour une leçon de tactique.


Rafael, était-ce aujourd'hui votre premier vrai test dans le tournoi ?
Le test, c'est chaque jour. Si le n°14 ou 15 mondial n'est pas un test, alors je ne sais pas ce qu'est un test. Le match n'a pas été si difficile que ça. Le vrai test, pour moi, c'était avant le match, parce qu'il a joué au meilleur niveau, c'est un grand spécialiste de terre. Et puis, j'ai gagné avec un résultat confortable. Aujourd'hui, c'est un test, c'est un quart de finale, et donc de toute façon, c'est un match difficile, on joue contre l'un des meilleurs joueurs au monde, et surtout, l'un des meilleurs joueurs au monde sur cette surface. Et bien entendu, on ne peut pas s'attendre à gagner un match facile sur un quart de finale d'un Grand Chelem à Roland-Garros. C'était donc un match difficile, mais je suis passé et je suis heureux.

Au troisième set, Almagro tapait très bien dans la balle, il était proche du break. Qu'est-ce qui vous est passé par la tête, à ce moment-là ?
J'ai attendu ma chance. C'est vrai qu'au troisième set, il a eu des chances, il a eu de très, très beaux moments. Il a tapé très fort dans la balle. À 1-0, j'ai fait quelques points. À 3-2, j'ai eu une balle de break. À 4-3, j'ai finalement conclu le break. Donc moi aussi j'ai eu mes chances. Mais c'est vrai qu'il a eu des occasions. Mais aujourd'hui, mon service a très bien fonctionné. Il est vraiment bien passé. Il a fait une erreur sur son coup droit, une grosse erreur. C'était un point décisif. Il a essayé de renvoyer, et là, à mon avis, il a fait une erreur. À ce moment-là, je menais deux sets zéro. J'ai attendu le bon moment, j'ai commencé à jouer agressif dès que ça a été possible. Évidemment, c'est très difficile de jouer agressif contre un joueur qui vous renvoie la balle aussi fort avec autant de puissance. Mais j'ai saisi ma chance dès qu'elle s'est présentée. J'ai bien joué. J'avais un bon mental au troisième set, et c'était important également.

Avez-vous regardé les matches de Djokovic et de Federer, et qu'en avez-vous pensé ?
Oui, j'ai regardé le premier, deux sets, et le deuxième set de Federer. Ensuite, je suis rentré à l'hôtel, et à la télé, j'ai regardé le match Tsonga-Djokovic. Sur France 2, ils n'ont pas retransmis le match de Federer ! (Rires) J'ai donc regardé le match Tsonga-Djokovic, qui était un très beau match à regarder. J'ai trouvé que Tsonga a joué d'une manière fantastique. Il a manqué de chance, mais de mon point de vue, il a fait deux erreurs sur des balles de match, des balles de match très importantes. La première, sur le passing-shot, sur son revers. À mon avis, il a frappé au plus mauvais endroit... Sa chance était de jouer non pas sur le revers mais sur le coup droit. Bref, c'était difficile. Il a joué, et c'est allé dans le filet. Ce n'était vraisemblablement pas la balle qu'il fallait jouer, mais c'est le jeu, c'est le sport... Il fallait bien qu'il y ait un des deux qui gagne. Djokovic s'est battu, il a très bien servi, a su rester concentré. Ça aurait pu être l'un ou l'autre, mais en fin de course, ça a été Novak.

Djokovic a joué son meilleur tennis sur les balles de match contre Tsonga. Selon vous, c'est de la confiance, de l'expérience ?
Ça, on pourrait parler de ça pendant des heures... Mais encore une fois, c'est le feeling ! Il faut avoir du courage pour le faire à ce moment-là, mais je ne sais pas pourquoi, mais les meilleurs joueurs du monde sont capables de jouer très bien, que ce soit contre le n°2, le n°15, le n°30 ou le n°50. C'est comme quand on parle de Djokovic à la demi-finale de l'US Open l'année dernière contre Federer : il a eu du courage de jouer cette balle, d'accord... Peut-être a-t-il eu du courage, mais peut-être était-il complètement fou ! Il y a un petit peu de chance, un petit peu de confiance, un petit peu du fait qu'il est bon... Mais aujourd'hui, on ne peut pas reparler de ce moment-là précis, parce que c'est une situation très limite, et n'importe quoi peut se produire. Il a très bien fait, mais le premier coup droit qu'il a tapé sur le revers de Jo était pratiquement sur la ligne. Et un joueur comme Novak se crée plus de possibilités pour sauver des matches difficiles comme hier, quand il est dans une situation difficile, parce que c'est un battant. Il ramène la balle dans le court, et il met la pression constamment sur l'autre joueur. Un autre joueur contre un Tsonga aussi inspiré qu'il était hier devant son public, un Tsonga qui jouait aussi bien qu'hier, n'aurait peut-être pas pu passer ce match... D'un autre côté, c'est aussi pour ça qu'il est n°1 mondial.

Un mot à propos de David Ferrer ? Pourrait-il être plus difficile à jouer qu'Almagro ?
On a déjà joué ensemble à de nombreuses reprises. Son jeu est difficile pour tout le monde, sur toute surface, et en particulier sur la terre. C'est un athlète complet, il est très difficile à jouer. Il a un déplacement extraordinaire. Il est sans doute le meilleur du monde, il est capable de renvoyer très fort, et avec beaucoup de puissance, à plusieurs reprises. J'ai vécu les deux sets les plus difficiles contre lui à Barcelone, j'ai réussi à gagner mais c'était très dur. Mais encore une fois, n'oubliez pas, ce seront les demi-finales de Roland-Garros, et donc, contre qui vous allez jouer ? Évidemment, on va jouer contre les meilleurs du monde ! Et pour atteindre la finale d'un tel tournoi, il faut jouer son meilleur tennis. Si je veux atteindre la finale, le seul moyen que j'ai, c'est de jouer mon meilleur tennis, et d'être agressif. C'est comme ça que j'atteindrai la finale.

Source: http://www.sports.fr/cmc/tennis/201223/roland-garros-nadal-livre-une-analyse-tactique-tres-pointue_460194.html

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