mardi 29 avril 2008

Federer vs Nadal : la loi de la Terre.

Federer vs Nadal : la loi de la Terre

Sur les quinze rencontres disputées depuis 2004 entre les deux joueurs, huit ont eu lieu sur terre battue, un nombre suffisant pour tirer quelques conclusions statistiques...toujours provisoires. La dernière victoire du Majorquin à Monte Carlo comporte quelques enseignements à replacer dans cette perspective déjà abordée par l’auteur..

Avantage sur terre battue à l’Espagnol bien sûr avec sept victoires contre une seule à Roger Federer (Hambourg 2007: 2-6 6-2 6-0). Avantage bien sûr au nombre de sets gagnés: 20 contre 8. Au nombre de jeux gagnés, l’écart entre les deux joueurs s’amoindrit puisque Rafael Nadal en a remporté 152 contre 127 pour le Suisse, et il est encore plus faible en ce qui concerne les points disputés puisque sur mille sept cent quatre vingt quatorze, Rafael Nadal en a gagné 51,7 %.

Sur les autres surfaces, Roger Federer a remporté la majorité des matches (cinq sur sept) et des points disputés: 52,4% sur herbe, 56,4% en indoor, 50,2% sur dur.

La terre amoindrit bien sûr l’efficacité du service du numéro un mondial, mais pour une première raison qui tient, non à la surface proprement dite, mais probablement au fait qu’il sert différemment: il se trouve en effet qu’en moyenne sur terre battue, son pourcentage de première balle contre l’Espagnol est de 60,6%, un pourcentage presque identique à celui qu’il a réalisé sur dur lors des trois matches disputés, mais notablement inférieur aux pourcentages qu’il obtient sur herbe ou en indoor, lesquels dépassent tous deux légèrement 70%. Compte tenu de ces pourcentages et du fait que deux des trois rencontres sur dur se sont soldées par un défaite du Suisse, alors qu’il a au contraire gagné les quatre autres en indoor ou sur herbe, il est aisé d’en tirer la conclusion que le pourcentage de premières balles du Suisse sur terre battue est tout simplement trop faible pour espérer l’emporter. Mais à cette conclusion, on peut opposer la victoire de Hambourg ou ce pourcentage n’a pas dépassé 52%..

Quand elle passe, le Suisse inflige bien sûr moins d’aces à son rival que les autres surfaces: 5,3 % d’aces sur première balle, soit un ace tous les trois jeux de service en moyenne, alors que son pourcentage est proche du double sur dur, atteint 13,5 % sur herbe et 16,7% en indoor (0,9 ace par jeu de service).

Sur première balle, Federer remporte 68% des points disputés, ce qui est cinq points en dessous du pourcentage correspondant sur dur et sur herbe, et quinze points en dessous de son pourcentage en indoor (84%!). Sur deuxième balle, il perd la majorité des points, n’en remportant qu’un peu plus de 47% alors que son pourcentage est près de six points supérieur sur dur, et qu’il atteint 60% sur l’herbe de Wimbledon. Au total, sur terre battue, Federer a ainsi gagné seulement 60% des points disputés sur son service, alors que le pourcentage correspondant est de 65% sur dur, 70% sur herbe et 73% en indoor...

Son vrai problème contre Rafael Nadal, sur terre battue, réside dans le fait qu’il n’arrive pas, contrairement à l’Espagnol, à gagner davantage de points au retour sur terre battue que sur les autres surfaces. Federer gagne en effet seulement 37% des points lorsque Nadal sert, un pourcentage presque identique à celui qu’il réalise sur dur ou sur herbe, et inférieur à celui réalisé lors des deux rencontres du Masters en indoor. Sur première balle adverse, c’est-à-dire plus de trois fois sur quatre compte tenu du pourcentage de premières balles de Rafael Nadal (77,4% soit, contrairement au Suisse, un pourcentage cinq à neuf points au dessus de ses résultats sur les autres surfaces), Federer ne parvient à gagner qu’un point sur trois, un pourcentage presque identique à celui obtenu sur herbe, et inférieur à celui obtenu en indoor...Sur deuxièmes balles de l’Espagnol, lesquelles sont rares, il ne remporte qu’un peu moins de 47% des points, un pourcentage supérieur de deux à trois points seulement à ceux qu’il obtient sur les trois autres surfaces.

Au total, Federer est donc nettement moins efficace au service sur terre battue contre Nadal que lorsque le match est disputé sur une autre surface, surtout sur herbe ou en indoor, le dur étant dans une situation intermédiaire. Une part de la responsabilité lui revient, en particulier son faible pourcentage de premières balles.

Malheureusement pour lui, il ne parvient pas, en moyenne, contrairement à l’Espagnol, à être plus efficace que sur les autres surfaces lorsqu’il retourne le service de ce dernier.... Ce n’est sans doute pas une condition indispensable pour gagner puisque qu’en finale de Rome 2006, il a failli gagner sans remporter davantage de points qu’en moyenne au retour, mais cela y contribue fortement puisqu’il a remporté près d’un point sur deux lorsque l’Espagnol servait à Hambourg l’an passé....

La finale de Monte Carlo que vient de remporter à nouveau le Majorquin présente quelques caractéristiques remarquables comparée aux résultats moyens enregistrés lors des huit rencontres disputées sur terre battue entre les deux joueurs.

Le Suisse a passé un peu plus fréquemment sa première balle que d’habitude sur terre (62,7% contre 60,6% en moyenne) a réalisé un nombre d’aces correct (5). Il très certainement assez mal servi cependant si l’on en juge par la fréquence avec laquelle il a remporté le point lorsqu’il était au service, lequel n’a atteint que 48%. Ce pourcentage est catastrophiquement bas pour le Suisse puisqu’il n’avait jamais été inférieur à 54% lors de leurs affrontements et qu’il atteint, en moyenne, 60% sur terre battue. Le Suisse a certes atteint ce pourcentage, mais sur ses premiers services seulement, alors que sur seconde balle, il n’ pu faire mieux que 29%. Il n’était jamais auparavant descendu en dessous de 38% et en gagne habituellement près de la moitié...Avec seulement une balle de break sauvée sur sept, il tombe également très en deçà de ses pires résultats en la matière.

Rafael Nadal de son côté a passé encore plus de premières balles que d’habitude (81%). Sur première balle, il a remporté 63% des points, un résultat qui est quatre points en deçà de son résultat moyen contre Roger Federer sur terre battue. Sur seconde balle, l’Espagnol est parvenu à faire le point dans seulement 42% des cas, un ratio inférieur de cinq points à la moyenne correspondante. Au total sur le service de l’Espagnol, Roger a gagné 41,3% des points, un pourcentage supérieur de quatre points et demi qu’à l’accoutumée sur terre battue. L’Espagnol a été presque aussi défaillant que le Suisse lorsqu’il a été confronté à une balle de break, n’en sauvant qu’une sur cinq.

Contrairement à ce que suggère le score de la rencontre (7-5 7-5), Federer a enregistré hier sa pire performance contre l’Espagnol en terme de points gagnés, à égalité avec la finale de l’an passé à Monte Carlo, gagnée en deux sets également par le Majorquin (6-4 6-4), ne remportant en effet que 44,9 % des points, contre 44,7% l’an passé. Certes, il a marqué 23 coups gagnants contre 15 à son adversaire mais il a commis 44 fautes directes contre 20 à l’Espagnol, un chiffre de surcroît élevé pour ce dernier...

Les motifs d’espoir pour le Suisse ne résident pas dans cette comparaison statistique peu encourageante mais dans le fait qu’il peut évidemment mieux servir qu’il ne l’a fait hier et qu’il a surtout obtenu ses meilleurs résultats sur le service de l’Espagnol depuis la finale de Roland Garros 2005, exceptée bien sûr la décidemment très atypique victoire de Hambourg l’an passé.

Si Federer avait été gagné le même pourcentage de points sur le service de Nadal qu’il ne l’a fait à Monte Carlo cette année et qu’il était parvenu à gagner, sur son service, le pourcentage qu’il a obtenu, en moyenne, au cours de ces huit rencontres, alors Federer aurait gagné 50,6% des points, un pourcentage suffisant, sauf rares exceptions, pour l’emporter. C’est d’ailleurs la mésaventure qu’avait connu le Suisse en finale de Rome en 2006 ou il avait emporté 50,5% des points tout en perdant de justesse au cinquième set...

Avec cette nouvelle victoire, l’Espagnol passe en tête au nombre de points gagnés, toutes surfaces confondues, affichant un infime avantage de deux points d’avance sur un total de 3150 points disputés entre les deux hommes....

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