mercredi 24 décembre 2008

Rafabuleux Nadal !

Rafabuleux Nadal !

Les superlatifs viennent rapidement à manquer lorsqu'il s'agit d'évoquer la saison titanesque que vient d'accomplir Rafael Nadal. Et même si le nouveau numéro un mondial n'a gagné son premier tournoi de l'année qu'à la fin avril, il s'est amplement rattrapé par la suite, glanant son quatrième Roland-Garros consécutif avant de remporter son tout premier Wimbledon puis les Jeux de Pékin, rien que ça !

Nadal savoure son premier succès sur le gazon londonien. (Reuters) Nadal savoure son premier succès sur le gazon londonien. (Reuters)
Le public français n'aime pas les gagnants, paraît-il. Demandez-donc à Rafael Nadal, quadruple vainqueur des Internationaux de France, toujours loin d'être idolâtré par un public tricolore qui n'attend souvent qu'une chose: le voir chuter face à un adversaire plus modeste. Ce syndrome "Poulidor" n'est pas forcément dérangeant sauf lorsqu'il s'accompagne, comme lors du dernier Masters Series de Paris-Bercy, de sifflets injustifiés, en l'occurrence au moment de la sortie du Majorquin sur blessure.

Mais "Rafa" n'en a cure. Peu importe s'il n'est pas adulé lors des Internationaux de France, lui qui est pourtant invaincu dans la capitale depuis ses débuts sur la terre battue de la Porte d'Auteuil en 2005, puisque le monde est désormais son terrain de jeu, de Pékin à Monte-Carlo en passant par Londres, Hambourg et Toronto. Car "le taureau de Manacor" a encore pris une nouvelle dimension cette saison, ajoutant à ses quatre Roland-Garros la conquête de son tout premier titre du Grand Chelem hors terre battue, le prestigieux trophée de Wimbledon, au terme d'une finale homérique face à son grand rival Roger Federer.

Un public londonien médusé par une telle excellence

Le Suisse avait d'ailleurs déjà subi la loi de l'Espagnol à l'occasion des finales des Masters Series monégasque, pour son premier titre de la saison (7-5, 7-5), puis hambourgeois (7-5, 6-7, 6-3), avant d'essuyer une véritable correction en finale de Roland (6-1, 6-3, 6-0), un match à sens unique expédié en un peu plus d'1h45, clôturant une quinzaine où il n'aura pas perdu le moindre set, comme un certain Bjorg il y a 28 ans... Nadal allait ensuite accomplir un nouveau tour de force en s'adjugeant sa toute première épreuve sur gazon, à l'issue d'une victoire sur Djokovic en finale du Queen's. Déclic ou pas, toujours est-il que l'Espagnol allait enchaîner un deuxième Grand Chelem consécutif, où après avoir successivement corrigé Murray puis Schuettler, il était opposé au quintuple vainqueur de Wimbledon, le numéro un mondial Roger Federer.

Les deux hommes allaient offrir au public un spectacle époustouflant pendant près de 288 minutes, un record pour une finale sur les courts du All England Club. Mais cette rencontre avait plusieurs enjeux pour Nadal. Outre l'incroyable exploit qui consistait à faire chuter le grand Roger dans son jardin et devenir ainsi le premier joueur depuis Borg en 1980 à réussir le doublé Roland Garros-Wimbledon, il pouvait se rapprocher encore un peu plus de cette place de numéro un mondial conservée si précieusement par le Suisse depuis février 2004. Et l'Espagnol n'a pas tremblé, même lorsque le Bâlois remontait un déficit de deux sets pour l'amener dans un cinquième set sans fin, avant que Nadal ne remporte finalement le match au bout de la nuit, 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7, devant un public londonien médusé par une telle excellence.

Nadal: "J'ai juste envie de progresser"

Car si cette rencontre a permis de faire (re)découvrir les délices de la petite balle jaune à certains, elle a surtout beaucoup fait mieux que n'importe quelle campagne de communication pour l'aura et la popularité de Rafael Nadal, à l'image d'une Martina Navratilova définitivement conquise par le Majorquin. "Ce qui est le plus impressionnant avec Nadal c'est la manière dont il a développé sa compréhension du jeu sur herbe, expliquait la nonuple vainqueur de Wimbledon. Il frappe son revers plus tôt, utilise son slice à bon escient et ses déplacements sont juste incroyables !"

"Rafa" allait faire encore un peu plus pour sa légende en remportant le Masters Series de Toronto et en atteignant les demi-finales de celui de Cincinnati alors que Federer s'inclinait en huitièmes face à Karlovic, permettant ainsi à Nadal de s'emparer du fauteuil de numéro un mondial, à tout juste 22 ans. Il faisait ensuite honneur à son rang en remportant les Jeux de Pékin grâce à une victoire finale sur Gonzalez, une compétition où il brilla par sa simplicité, résidant dans le village olympique et se montrant relativement accessible. Il finit la saison, fort logiquement, exténué, après avoir atteint les demi-finales à l'US Open et à Madrid, non sans avoir qualifié son pays pour la finale de la Coupe Davis que ses compatriotes allaient remporter, sans lui, face à l'Argentine. Reste désormais à connaître la nature de ses objectifs pour cette nouvelle saison, qui s'annonce plus passionnante que jamais et où il sera à nouveau très attendu. "J'ai juste envie de progresser, consent-il à avouer. C'est ce que vous avez à faire si vous êtes numéro 1 et que vous souhaitez le rester. Moi, je veux le rester et je vais me battre pour ça !" On veut bien le croire...

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