mardi 30 décembre 2008

Coup d'état signé Nadal



Coup d'état signé Nadal
Rafael Nadal a tout gagné en 2008Photo © 2008 - Imago / PanoramiC


Le roi est mort, vive le roi ! Auteur d'une saison tonitruante marquée par des sacres historiques à Roland-Garros et Wimbledon, Rafael Nadal a réussi l'inimaginable : renverser Federer et s'installer au sommet de la hiérarchie mondiale.
17 août, 2h du matin heure française, Rafael Nadal s'effondre de joie sur le court central du Parc olympique, se parant d'or pour fêter de la plus belle des façons son accession sur le toit de la planète tennis. Une ligne de plus à un palmarès hors du commun pour un joueur de seulement 22 ans et qui a réalisé l'impensable : faire chuter le roi Federer que l'on pensait encore quelques semaines auparavant indéboulonnable de son trône.

Le travail qui paie

82 victoires pour seulement 11 défaites, deux titres en Grand Chelem, trois en Masters Series, des chiffres «federesques»… Maître incontesté sur terre battue depuis trois saisons, Rafael Nadal a réussi en 2008 à étendre son royaume sur toutes les surfaces. L'Espagnol a su, sous la houlette de son oncle Toni, apporter les modifications nécessaires à son arsenal pour devenir une véritable machine à gagner, quel que soit le terrain de jeu. Alors que son lift incontrôlable, notamment côté coup droit, et ses qualités physiques impressionnantes lui ont permis de prolonger une année de plus sa suprématie sans partage sur l'ocre parisien, laissant sans réponse tous ses adversaires et étrillant Federer en finale à la Porte d'Auteuil (6-1 6-3 6-0), le taureau majorquin a également fait la démonstration sur herbe et le ciment américain que désormais, plus rien ne lui résistait.
Plus agressif en fond de court, capable de venir conclure les échanges au filet, doté d'un service enfin performant et d'un revers slicé efficace, notamment sur gazon, le nouveau roi de la discipline a la capacité, contrairement à Roger Federer, de modifier son jeu en fonction de la surface. Un sens tactique et des qualités techniques qui lui ont permis de signer entre Monte-Carlo, Paris, Londres, Cincinnati et Pékin quatre mois à jamais inscrits dans les annales. Premier joueur de l'histoire à enchaîner un sacre à Paris à une victoire au Queen's, premier depuis le mythique Bjorn Borg à réaliser le doublé Roland-Garros/Wimbledon, seul à signer le triplé Roland-Garros/Wimbledon/JO… Le Majorquin est bel et bien entré dans une nouvelle dimension et les portes vers les sommets de la hiérarchie mondiale se sont logiquement ouvertes, après trois ans de patience sur le strapontin de dauphin.

Déjà dans l'histoire

Plus encore que son accession au premier rang du classement ATP, Rafael Nadal s'impose de plus en plus comme un des plus grands champions de la discipline. Alors que Pete Sampras et Roger Federer n'avaient inscrit que trois tournois du Grand Chelem à leur palmarès à 22 ans, que Boris Becker et Mats Wilander, pourtant plus jeunes lors de leur premier sacre (18 ans), n'en comptaient que quatre, l'Espagnol présente au même âge un CV encore plus garni : 31 victoires en tournoi dont 5 en Grand Chelem et 12 en Masters Series. Alors que pour certains, Federer fait figure de plus grand joueur de l'histoire, Rafa pourrait très vite venir bousculer ce classement subjectif.
Doté d'un mental hors-norme et désormais de qualités techniques qui lui permettent de s'exprimer à plein régime sur toutes les surfaces, Nadal a les moyens de s'installer durablement au premier rang mondial et de résister à la nouvelle génération emmenée par Novak Djokovic et Andy Murray, à condition que son physique accepte de suivre la cadence infernale. En raison d'un jeu très usant, basé avant tout sur des qualités défensives éreintantes, le Roi a déjà montré à plusieurs reprises au cours de sa carrière des signes d'usure. Ses chevilles et dernièrement son genou, qui l'a obligé à renoncer à la Masters Cup et à la finale de la Coupe Davis, sont venus rappeler que tous les efforts consentis pour détrôner Federer pourraient un jour se payer cash.

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