mercredi 13 mai 2009

Marre de Nadal ?



Rafael Nadal agace. Certains de ses compatriotes jalousent sa réussite sur terre battue, les organisateurs de Madrid son influence. Il faut se le dire : le N.1 mondial, qui a hésité à venir jouer dans la capitale espagnole en raison de son altitude élevée, fait la pluie et le beau temps en Espagne.

Tout le monde est unanime : Rafael Nadal va remporter Roland-Garros pour la cinquième année de suite cette saison. Circulez, il n'y aurait plus donc rien à voir. Alors pourquoi aller jouer sur la terre battue de Madrid où l'Espagnol sera également présent et grand - pour ne pas unique - favori pour le titre ? Juste pour espérer grapiller des points ATP en allant le plus loin dans le tout nouveau Masters ocre de l'ATP, qui était auparavant sur dur en fin de saisons précédentes. Tout en priant pour ne pas jouer face à Rafael Nadal. Ou alors le plus tard possible. Et ce, même si le N.1 mondial a hésité à venir en raison de l'altitude à laquelle il faut s'adapter pour jouer à Madrid.

Au sein de la "Caja Magica" ("Boîte Magique"), espérer est ce qu'il reste à Fernando Verdasco. "J'ai encore Nadal dans ma partie de tableau", a soufflé de dépit dans le quotidien Marca le numéro 2 espagnol, battu huit fois en autant de rencontres par son jeune compatriote. "Comme à Rome, je me retrouverais peut-être en face de lui en quart de finale... J'essayerai de gagner cette fois. C'est le moment qu'il laisse gagner un tournoi aux autres." Il est vrai qu'il est difficile d'avancer dans un tableau sans entendre les pas lourds de "l'ogre de l'ocre". N.5 mondial fin 2006, Tommy Robredo se laissait déjà dire en marge du Masters de Paris-Bercy de cette année-là qu'il avait du mal à le vivre. "Si j'étais N.5 mondial en France ou dans un autre pays, je serai un demi-Dieu. En Espagne, c'est autre chose. Il y a Nadal... Donc il faut prendre son mal en patience."


"Monsieur Nadal veut du rouge"

Toute la presse espagnole n'a d'yeux que pour le phénomène ibérique, non sans laisser les autres joueurs dans l'ombre. Qui n'a pas été surpris en voyant les médias ibériques quitter un tournoi après l'élimination prématurée de Nadal même si d'autres Espagnols étaient toujours en lice ? Un fait avéré qui a le don d'agacer les joueurs en question. Adoré lorsqu'il était N.2 mondial entre juillet 2005 et août 2008, il est désormais adulé comme personne maintenant qu'il a réussi à dépasser le Roi Roger Federer au classement ATP. Quadruple vainqueur à Roland-Garros et auréolé d'un titre à Wimbledon en 2008, ce que n'avait réussi à faire qu'un Espagnol (Manolo Santana en 1966), le phénomène aurait dépassé l'entendement. Son succès à l'Open d'Australie n'a rien arrangé car on dit de lui qu'il réussira à brandir les quatre trophées majeurs cette saison, ce que personne n'a réalisé dans l'ère Open, débuté en 1968.

Alors Madrid, ce ne serait qu'une pure formalité si Nadal joue le jeu jusqu'au bout, sans se ménager avant-Roland-Garros. Vu son tableau dégagé, la voie vers la finale semble toute tracée. Et quand on sait que ce Masters 1000 est en plus organisé par le fameux Santana, Rafa ne pourra que se sentir comme chez lui ces prochains jours. Même s'il est Majorquin et non Madrilène d'origine. Et même s'il a joué un rôle au moment de la conception du tournoi... En effet, le N.1 mondial, à l'instar des Roger Federer et Novak Djokovic, aurait refusé que la terre battue soit bleue...

Une originalité voulue par les organisateurs mais refoulée par l'ATP après consultation des premiers joueurs mondiaux. "On avait fait des essais à Barcelone (...), acheté tout le matériel : c'est la même texture que la terre rouge. Et puis, il y a des joueurs comme Monsieur Nadal qui veulent du rouge!" Si Iron Tiriac, l'auteur de ces dires dans les colonnes de L'Equipe et l'homme qui détient les droits du Masters, peste contre cette issue, on ne blasphème pas avec Nadal. Ni même avec les autres joueurs et joueuses comme Serena Williams qui ont marqué leur préférence pour le rouge de la terre et non une autre couleur farfelue. "La terre, c'est rouge, insiste Nadal. Même si on me dit que cela ne change rien sur le court, je ne trouve pas que ce soit une bonne chose." A Madrid comme ailleurs, on ne touche pas à la tradition.

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