dimanche 26 mai 2013

Toni Nadal : "J'ai toujours refusé que Rafael me paie"






Oncle et coach du septuple lauréat de Roland Garros, Toni Nadal raconte son Rafa, revenu avec éclat d'une très longue absence. 


Deux heures d'entraînement samedi avec Fernando Verdasco ponctuées d'un net 6-3 3-0, une vingtaine d'autographes pour la foule agglutinée, une bise à Amélie Mauresmo… Le fil de la belle histoire de Rafael Nadal à Roland-Garros reprend tranquillement son cours. Toni, oncle et coach, n'est jamais bien loin. Il plante le décor à l'aube d'une quinzaine qui peut permettre à l'Espagnol d'être le premier à s'adjuger à huit reprises un même Grand Chelem.

Une relation singulière

"C'est très facile d'entraîner Rafael car il a une bonne éducation. Et puis il a conscience de ses responsabilités, c'est pour ça qu'il doit être le seul à n'avoir jamais changé d'entraîneur. J'étais rigoureux au début. Je suis plus cool avec lui maintenant. C'est comme quand tu as un fils : à 12 ans, il fait ce que tu dis ; à 18 ans, il t'écoute encore mais se forge ses propres idées. Et moi, je ne veux rien lui imposer. Je me souviens d'un été, il était encore très jeune, où il a voulu moins s'entraîner. J'ai dit OK, on verra. Il a commencé à perdre quelques matches et a vu la différence. C'était le but.

J'ai toujours refusé qu'il me paie, même si son père a insisté pour cela. (En souriant) Quand on voit sa carrière et la courbe de ses gains, je n'ai pas fait une bonne affaire… Mais c'est trop tard pour changer! Je voulais garder mon indépendance et mon autorité. Ne pas être un employé asservi, celui qui va chercher la bouteille d'eau et le cordage."

Une si longue absence

"Pendant les sept mois hors circuit de Rafael (genou), j'ai parfois douté. Lui aussi s'est inquiété : quand tu penses t'arrêter trois semaines et que tu reportes à chaque fois la reprise parce que tu as encore mal, l'incertitude te pèse. Il en a profité pour se changer les idées : golf, pêche, etc. Moi j'ai voyagé en Argentine, au Brésil, en Pologne et à Lyon pour Babolat (l'équipementier français qui fournit la raquette de Nadal depuis ses débuts).
Le secret du retour de Rafa (6 titres en 8 tournois depuis février)? Son habitude de l'adversité. Avec lui, les problèmes ne sont jamais trop gros. Quand il a battu Ferrer à Acapulco, j'ai quand même été surpris. Lui, si tu le bats, tu sais que tout peut redevenir possible. Et plus tard, surtout à Rome, on a bel et bien vu le meilleur de Rafa par moments."

L'étiquette de favori

"Tout le monde lui colle mais je ne suis pas d'accord. J'en mets trois sur la même ligne : Djokovic, Ferrer et Rafael. Sur le chemin, il y a aussi des clients comme Dimitrov et Berdych. (Après Brands au 1er tour, on lui fait remarquer que son neveu pourrait croiser en huitièmes Benoît Paire, le Français qui monte) Ils se sont découverts cette année. À Barcelone, tous deux ont été mauvais. Je me suis dit que Paire avait des facilités mais aussi de l'inconstance. À Madrid, ce n'était déjà plus le même. Sa victoire contre Del Potro et sa demie contre Federer à Rome confirment qu'il risque d'être costaud. J'espère juste que ça ne se verra pas trop s'il joue contre nous."

Nadal et l'histoire

"Il n'en parle pas. Jamais je ne l'ai entendu dire avant un grand tournoi "Si je gagne, je peux battre Borg". Ni même commenter son record de 24 titres en Masters Series. Après tout, le tennis c'est d'abord le présent. Qui se souvient de Rod Laver ? Mais pendant son absence, j'ai évoqué avec lui le chemin parcouru : 'Rafael, tu as déjà réussi bien plus de choses que ce qu'on aurait osé imaginer quand on est parti de Manacor.' Sur le moment, je crois que ça lui a fait du bien."



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